lundi 20 avril 2015

La minute de l'histoire: le COINTELPRO

J. Edgar Hoover, Directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI) :

« Le COINTELPRO doit empêcher la naissance d’un messie qui pourrait unifier et électriser le mouvement nationaliste noir (...) Il faut faire comprendre aux jeunes Noirs modérés que, s’ils succombent à l’enseignement révolutionnaire, ils seront des révolutionnaires morts (...) ne vaut-il pas mieux être une vedette sportive, un athlète bien payé ou un artiste, un employé ou un ouvrier plutôt qu‘un Noir qui ne pense qu’à détruire l’establishment et qui, ce faisant, détruit sa propre maison, ne gagnant pour lui et son peuple que la haine et le soupçon des Blancs ! »

En 1956, le programme de contre-espionnage COINTELPRO est mis sur pied, dont le but est de lutter contre les mouvements jugés dissidents et/ou communistes. Sa mission, clairement définie dans une note adressée par Hoover à ses agents, est "d'exposer, de rompre, de fourvoyer, de discréditer ou bien de neutraliser les organisations nationalistes noires à caractère haineux". Par tous les moyens possibles et imaginables (de l'espionnage à l'assassinant, en passant par la désinformation et l'implantation de fausses preuves), ils ont réprimé les organisations afro-américaines et leurs leaders, parmi lesquels le Black Panther Party, Malcom X et Martin Luther King Jr., ainsi que tous les sympathisants à leurs causes. 

En ce qui concerne le BPP par exemple, le 04 décembre 1969, les agents fédéraux assassinent deux jeunes membres du BPP (17 et 21 ans dans leur sommeil) et blessent quatre autres membres. Pour illustrer la violence de l'assaut, sur les 90 balles tirées lors de l'assaut, une seule est tirée par les membres du BPP. Cependant, aucun agent ne fut arrêté, tandis que les quatre survivants ont été mis aux arrêts pour tentative de meurtre. Plus tard, l'un des agents fédéraux déclarera même en 1995 "nous nous attendions à trouver une vingtaine de Panthers dans l'appartement lorsque la police y a lancé l'assaut. Seulement deux de ces enculés de négros furent tués!"

Concernant Malcom X,  Il était également pressenti comme le "messie" autour duquel auraient pu se rallier toutes les autres causes noires. Aussi, des documents prouvent que le FBI avait des agents placés sous couverture dans la pièce même où celui-ci fut assassiné. L'un d'eux lui aurait même administré un bouche-à-bouche.

Beaucoup de choses peuvent être dites concernant ce programme, mais le point essentiel à retenir est que jusqu'à présent, leurs tactiques sont toujours employées. Non pas seulement aux Etats-Unis, mais aussi dans le reste du monde. Des tactiques mises en place pour réprimer des peuples entiers et les délimiter dans des cadres desquels ils ne doivent pas sortir. Des tactiques pour réprimer des libertés fondamentales.


Faits marquants
- Robert Kennedy avait appuyé certaines des actions dudit programme, avant de réaliser plus tard qu'il faisait également l'objet d'enquêtes par le FBI.
- Dans les notes qu'il adressait à ses agents, J. Edgar Hoover ne ressentait aucune gêne à qualifier officiellement les noirs de "négros".
- J. Edgar Hoover est resté à la tête du FBI pendant huit, devenant la personne ayant mis le plus long à la tête d'une agence fédérale américaine. Ce dernier a connu huit présidents des Etats-Unis.

jeudi 19 avril 2012

Je Rêve d'un Cameroun




Le 05 mars de cette année, la vidéo Kony 2012 a été postée sur Youtube, qui avait pour but de mettre en lumière les atrocités commises par le criminel de guerre ougandais Joseph Kony et le trainer en justice. En moins d’une semaine elle a fait le tour du monde (plus de 60 millions de vues) et a généré un incroyable battage médiatique, principalement sur Twitter.  A ce propos, un article de France 24 dit : « Il aura fallu attendre ce jeudi 8 mars, et le mot-clé #journéedelafemme, pour que l’Ougandais Joseph Kony ne soit plus le sujet le plus discuté sur Twitter. À la surprise de nombreux internautes, le criminel de guerre trustait depuis lundi la première place des conversations les plus populaires sur le site de micro-blogging ».  La vidéo a suscité un tel intérêt qu’une fois de plus la nécessité pour les africains d’avoir les TIC et plus particulièrement Internet m’est apparue, avec cette fois une acuité sans précédent.

Au 31 décembre 2011, 13,5% des africains utilisaient Internet et représentaient 6,2% de la population mondiale active sur le réseau international. Quant aux camerounais, sur près de vingt millions d’habitants ils n’étaient même pas un million à avoir accès au net (783,956 pour être plus précis). Seulement 4% des camerounais utilisent Internet ! Sans compter que parmi eux, très peu y ont régulièrement accès (que ce soit à la maison, une clé Internet mobile, au lieu de service, ou avec un smartphone) ou que la connexion au Cameroun est instable. Le taux de pénétration d’Internet est extrêmement faible, surtout pour un pays qui doit se développer. Car Internet  offre les solutions qui nous permettront de nous construire.

Prenons l’exemple de l’emploi.  Selon un article de l’Effort Camerounais paru en avril 2011, 13% des jeunes camerounais à l’époque étaient au chômage. A Douala, ce taux s’élevait à 22% tandis qu’à Yaoundé, 30% de jeunes étaient au chômage. Zacharie Pérévet, Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, déclare que « Le chômage des jeunes touche davantage les chômeurs de première insertion qui représentent 55% des chômeurs, quand on sait que les jeunes de 15 à 34 ans représentent le tiers de la population totale et 60% de la population potentiellement active  [les chômeurs]». Dans un pays comme le nôtre Internet serait pour les jeunes le moyen le plus efficace et le plus dynamique de trouver des offres d’emploi qui leur conviennent. Il y a beaucoup de sites camerounais qui présentent des offres d’emploi : Njorku, unikportail, cameroun.paleba, mboapages, camdevemploi, etc. Mais combien de jeunes savent où chercher ?

Lorsque je dis souvent à mes amis  qu’on pourrait offrir aux camerounais de grandes opportunités ils me répondent : « tu rêves mon gars » ! Oui, je rêve. Je rêve d’un Cameroun dont Internet n’aurait plus de secret pour le camerounais moyen. D’un Cameroun dans lequel consulter Internet serait une pratique courante et apporterait une valeur ajoutée aux activités des camerounais. Les écoles camerounaises posteraient les vidéos de leurs cours dans Youtube Education de sorte que les élèves puissent étudier sans problème et que les parents sachent où en sont leurs enfants, afin de mieux les aider à réviser. Un Cameroun dans lequel les enseignants donneraient cours via Skype, ou alors les élèves feraient leurs sessions d’études en groupe via Skype. Un Cameroun dans lequel on ferait usage des TIC pour enseigner, écrire des livres éducatifs un peu comme le Textbook for Ipad. Les Chromebook aussi sont un excellent exemple de la révolution qu’entrainerait la technologie dans un système éducatif. Il a été testé dans des établissements scolaires aux Etats-Unis (à Prinneville, Oregon  et à Los Angeles ). Le Chromebook a même été adapté aux étudiants aveugles. Un professeur affirme qu’aucune raison ne justifie le fait que les élèves utilisent les mêmes outils d’apprentissage qu’en 1950, car cela revient à les préparer à vivre dans une période qui est déjà révolue. La technologie peut révolutionner et apporter une valeur ajoutée au système éducatif camerounais. Leslie Tita et  Horace Fonkwe, fondateurs de la plate forme camerounaise Pulse l’ont bien compris. Pulse a été créé afin de permettre aux étudiants, professeurs et administrateurs de communiquer de manière plus efficiente. Son but est de résoudre le problème de canaux de communication dans les universités, notamment les tableaux d’affichage, les annonces et le bouche à oreille, qui ne sont pas très efficaces. Les annonces (changement des horaires de cours, etc.), les devoirs  à rendre, les plannings et résultats d’examens et autres peuvent ainsi être postée sur Pulse et ce via un téléphone mobile.

Les camerounais pourraient démarrer leurs affaires et fonctionner avec l’aide d’Internet. Les Fondateurs du magazine Inspire Afrika vivent aux quatre coins de la planète et parviennent pourtant à publier leurs magazines. Je vois croître le nombre de camerounais ayant des blogs qui leurs servent à véhiculer leurs idées et opinions, leurs valeurs. Ils exprimeraient leurs voix et raconteraient leur quotidien, les difficultés qu’ils rencontrent à l’instar du printemps arabe (chaque jour, des photos et vidéos des événements étaient postées par les jeunes, qui informaient sur leurs situations ponctuelles). Des pages ou des groupes Facebook pour chaque ville, village, quartier, commune seraient créés, dans lesquels nos compatriotes feraient état des situations auxquelles ils doivent faire face et de leurs besoins (les problèmes de circulation, l’insécurité, l’insalubrité, la recherche de l’emploi et/ou de logement, les coupures de courants et d'eau, etc.) mais aussi exprimeraient ce qui fait la fierté de leurs lieux de résidence, les passions qui les animent (le football, les petits bars et « beignetariats », le « soya man », nos mamans qui vendent le maïs grillé, nos jolies sœurs « callboxeuses », le coiffeur du quartier,  les boites de nuits, toutes ces petites choses qui donnent de la couleur à nos quartiers et à nos villes). Je vois les camerounais devenir acteurs de l’information, les partager avec leurs frères au Cameroun ou à l’étranger, discuter et commenter l’actualité (les commentaires sous les vidéos de Youtube, les tweets en live lorsqu’un événement est en cours ou un dans le genre de Djoss.tv et tout ce qu’on peut faire sur Facebook & Twitter). Le Gouvernement initierait ces pages afin de savoir précisément comment répondre aux problèmes des camerounais. Les associations au Cameroun utiliseraient Internet pour défendre leurs causes sociales et remporteraient autant de succès au Cameroun (et pourquoi pas à l’étranger) que Kony 2012 a attiré d’attention dans le monde, comme le font It Gets Better Project (un projet qui a  pour but de redonner espoir aux homosexuels etc.) ou The Jubilee Project (une ONG qui fait des films pour des bonnes causes). A leur instar, nos ONG pourraient s’organiser autour du Web 2.0 pour lever des fonds, recruter des volontaires, etc. Nos entreprises allieraient les technologies à la gestion pour créer des styles de gestion inconnus des Directeurs actuels (recruter, etc. via Internet, le web marketing, le community management et bien d’autres choses). Les camerounais de divers horizons (politiciens, financiers, journalistes, ingénieurs, médecins, activistes, avocats, transitaires, hommes d’affaires, maçons, coiffeurs, informaticiens, logisticiens policiers, acteurs, réalisateurs, artistes, agriculteurs, styliste, enseignants, pompiers, etc.) partageraient leurs idées sur l’avenir du Cameroun en général et de leurs métiers respectifs (9 ideas conférence est une très bonne initiative). Mais avant tout, Le taux de pénétration d’Internet au Cameroun passerait de 4% à 40% et continuerait à croître !

Certains ont compris que la technologie nous permettra de résoudre nos problèmes peu à peu. Je fais ici référence à Arthur Zang et à Churchill Mambe Nanje entre autres. D’autres non. Certains me demandent souvent à quoi ça servirait aux camerounais d’apprendre l’informatique, puisqu'en général dans les entreprises, on ne les utilise pas autant. Les étudiants se disent qu’ils peuvent faire rédiger leurs rapports de stage ou leurs mémoires par des « professionnels » de la bureautique. Ils ont raison de poser la question. A quoi servirait-il à une civilisation d’apprendre à lire les panneaux de signalisation si à chaque coin de rue il y a un homme pour crier « stop », « interdiction de garer », « feu rouge, feu vert, feu orange », etc. ? A ceux-là je réponds que le jeune camerounais ne devrait pas se préparer pour le Cameroun tel qu’il est aujourd’hui mais pour celui qu’il sera dans dix, dans vingt ans. Le Cameroun d’aujourd’hui est le reflet des générations qui nous ont précédées. Celui de demain sera le reflet de notre génération. Ces personnes aujourd’hui à la tête du Gouvernement laisseront bientôt le pouvoir. Allons-nous reprendre les rênes du pays avec la même mentalité et les mêmes limites qu’elles ? C’est de notre avenir qu’il s’agit messieurs, ne l’oublions pas. Les entreprises de demain seront dirigées par nous. Allons-nous préserver les styles de gestion qui étaient d’usage avant nous alors que le monde avance? A l’ère de la mondialisation, nous devons reposer les efforts que nous fournissons sur les TIC. Les pays occidentaux ne sont pas les seuls à disposer de talents, nous en disposons également. L’expression « fuite des cerveaux » prouve que nous avons aussi des « cerveaux ». Ils pourraient poster leurs mémoires en ligne, rédiger des articles tels que celui-ci. Nos mathématiciens pourraient exposer au monde des formules par eux créées, nos économistes pourraient inventer de nouvelles théories économiques, nos ingénieurs pourraient créer des applications et des appareils novateurs et révolutionnaires ! Nombreux sont les camerounais qui sont talentueux et intelligents. Malheureusement, le manque de TIC fait de l’ombre à leurs potentiels et limite leurs opportunités. Aujourd’hui en occident, les jeunes hackers sont régulièrement recrutés par les firmes multinationales (l’année dernière, Facebook a recruté GeoHot, Microsoft a recruté un hacker de 14 ans)  ou par leurs Gouvernements (l’année dernière, la US Navy a lancé une annonce de recrutement de hackers). Quand bien même ils ont enfreint la loi, leur talent non seulement leur a évité la prison, mais en plus leur offert des opportunités en or. Et ce genre d’opportunités se présente à tous ceux qui ont des aptitudes hors du commun dans quel que domaine que ce soit, même dans le sport (nous voyons tous les jours des jeunes américains issus de quartiers défavoriser avoir accès aux bourses pour les études supérieures, simplement grâce à leurs aptitudes pour le football, le basketball, etc.). Si ce genre d’opportunités s’offre aux jeunes occidentaux, alors elles peuvent également se présenter aux jeunes camerounais, pourvu que leurs talents soient visibles. Et quel meilleur moyen de montrer au monde notre potentiel que de s’armer des TIC ?

Il y a aussi ceux-là qui disent que l’Afrique, et donc le Cameroun ont de plus sérieux problèmes à résoudre. A ceux-là je réponds qu’à la base, l’objet de tous les progrès scientifiques est de résoudre les problèmes de la société et/ou de faciliter notre mode de vie.  On est ainsi passé du télégraphe au téléphone fixe au téléphone mobile, toujours dans le but d’améliorer la communication entre les hommes. De même, nous pourrions trouver dans la technologie des réponses à nos problèmes. Arthur Zang a trouvé en le cardiopad une réponse aux problèmes cardiaques des camerounais, Churchill Mambe propose en Njorku une solution au problème du chômage. Attaquer nos problèmes sous l’angle de la technologie est une recette qui porte ses fruits.

Je le répète encore, je rêve aujourd’hui d’un Cameroun dans lequel la technologie tient une place plus importante dans la société. Mais je ne pense pas être tellement en avant. A vrai dire je ne vois même pas assez loin. Je me limite à voir un Cameroun tel que les occidentaux fonctionnent aujourd’hui tandis que les occidentaux ont une vision du monde tel qu’il pourrait  être dans dix ou vingt ans, notamment le géant Windows. Ca semble peut-être impossible à réaliser maintenant, mais si nous commençons à étudier le problème des TIC au Cameroun, alors dans trente ans, plus rien de tout ce qui précède ne sera un rêve ! Ce sera la réalité des prochaines générations.